Crises, tensions, conflits, confrontations, affrontements, la violence (ethnique, sectaire, économique, inter-étatique, etc.) – dans sa forme la plus aboutie, la guerre – est probablement l’une des plus vieilles activités reconnues de l’homme. L’une de celles où il a mobilisé toutes ses énergies et son savoir. Par ailleurs, les guerres se suivent et se ressemblent (Ruanda, Irak, Kosovo, Afghanistan, Syrie, etc.) tout en n’étant, l’une après l’autre, jamais, la répétition exacte de la précédente. Elles peuvent, aussi, s’espacer dans le temps, ou, comme récemment, s’enchaîner les unes aux autres. C’est selon.
Le principe central de ce blog sera donc ce que les militaires appellent le Retour d’Expérience, ou RetEx. Soit revenir aussi vite que possible sur une crise, un conflit pour en tirer les leçons les plus utiles possibles pour les… suivants. Voire ceux en cours, nous pensons, ici, l’Irak et, surtout, l’Afghanistan, ou la Syrie.
Le RetEx, c’est ce que font des instances comme le Centre de Doctrine d’Emploi des forces (CDEF)1. Mais, pourquoi, seuls les militaires feraient-ils du RetEx ? La guerre, outre qu’elle touche autant les militaires que les civils que nous sommes, c’est aussi une forte part de géopolitique et d’économie.
Une question taraudera ceux qui iront sur ce blog : pourquoi traiter, ici, d’économie ?
Tout simplement parce que l’économie est, elle aussi, une forme de guerre. Si beaucoup, en Occident, en doutent, c’est, en tout cas, l’avis de deux des penseurs militaires de la première puissance économique du monde (la Chine) : les Colonels Qiao Liang & Wang Xiangsui2. L’économie, donc. Mais pas seulement. En effet, pour nos deux officiers supérieurs chinois, « Quant aux différents moyens que sont l’aide économique, les sanctions commerciales, la médiation diplomatique, l’acculturation, la propagande médiatique, l’établissement et l’usage de règlements internationaux, le recours des résolutions des Nations-unies, etc., tout en constituant des domaines annexes de la politique, de l’économie et de la diplomatie, ils sont de plus en plus de moyens paramilitaires au service des politiciens »3.
Tout, en effet, se mêle et s’entremêle. Ainsi, « Au cours de la Guerre de Sécession, Sherman, lorsqu’il fonçait sur Savannah », écrivent-ils, « ne cherchait pas combattre mais incendier et piller. Il s’agissait de recourir au moyen consistant détruire l’économie des arrières de l’armée sudiste afin de miner la capacité de résistance de la population et des troupes, et permettre ainsi d’atteindre l’objectif guerrier de l’armée nordiste (…) un exemple d’utilisation de moyens illimités pour atteindre un objectif limité »4.
Défaire, tant que faire se peut, la pelote des crises et conflits sera l’un des buts de ce blog. Libre vous de m’y lire.
Notes
1 Du ministère de la Défense.
2 Tous deux officiers supérieurs, attachés au Département politique de l’Armée de l’Air chinoise, au moment de la parution de leur ouvrage.
3 La Guerre hors limites, pp.266-267, Col. Qiao Liang & Wang Xiangsui, Rivages Poche & Payot, 2006, ISBN 97862674816151768.
4 La Guerre hors limites, p.287, Col. Qiao Liang & Wang Xiangsui, Rivages Poche & Payot, 2006, ISBN 97862674816151768