A QUOI AURA SERVI LA DECAPITATION DE SAYYED NASRALLÂH? BEAUCOUP DE CEUX QUI SUIVENT CE QUI SE PASSE EN L’ORIENT COMPLIQUE SE POSENT LA QUESTION TANT SON REMPLAÇANT EST – L’AUTEUR L’A RENCONTRE – UN DES MAÎTRES DE L’ART DE LA GUERRE AU LEVANT : CHEIKH N’AïM QASSEM…
« Sous mon administration, nous avons eu la paix au Moyen-Orient et nous l’aurons à nouveau très bientôt ! Je vais régler les problèmes causés par Kamala Harris et Joe Biden et mettre fin à la souffrance et à la destruction au Liban (…). Je veux voir une paix réelle et durable revenir au Moyen-Orient, et nous le ferons de la bonne façon pour que cela ne se reproduise pas tous les 5 ou 10 ans ! ».
Donald J. Teflon Trump.
« L’ennemi doit savoir que ses bombardements de nos villages et de nos villes ne nous feront pas reculer, et la Résistance (…) est forte et a été capable de mener un drone jusqu’à la chambre de Netanyahu (…). Netanyahu a survécu cette fois, mais peut-être que son heure n’était pas encore venue (…). Nos contacts diplomatiques nous ont confirmé que Netanyahu a très peur parce que nous le prenons pour cible (…). Ceux qui ont tué notre secrétaire général [Hassan Nasrallâh] voulaient vaincre l’esprit de résistance qui est en nous et briser la volonté du djihâd, mais son sang continuera à bouillir dans nos veines et renforcera notre détermination à poursuivre sur cette voie ».
Cheikh Na’ïm Qâssem.
Sinon, je tiens à rappeler que les titres de mes entretiens sont, volontairement, et tant que faire se peut, marqué d’une pointe de causticité. Ça plaît ? Tant mieux. Ça déplaît ? Désolé.
| Q. Nasrallâh vite remplacé, dites donc…
Jacques Borde. La page du temps, si je puis m’exprimer ainsi, n’aura pas mis longtemps à se tourner..
Le Commandement du Hezbollah a annoncé, dans son communiqué du mardi 29 octobre 2024, que les membres de la Choura du mouvement se sont accordés à élire Cheikh Na’ïm Qâssem au poste de Secrétaire général, succédant au leader martyr Sayyed Hassan Nasrallâh.
Autant se fier aux sources elles mêmes ; voici les principaux points dudit communiqué :
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Et quiconque prend pour alliés Allah, Son messager et les croyants, [réussira] car c’est le parti d’Allah qui sera victorieux.
Sur la base de la foi en Dieu Tout-Puissant, de l’engagement en faveur d’un islam authentique et de l’adhésion aux principes et objectifs du Hezbollah, et conformément au mécanisme approuvé pour l’élection du Secrétaire général, la Choura du Hezbollah s’est accordé à élire Son Éminence Cheikh Na’ïm Qâssem, au poste de Secrétaire général du Hezbollah, afin de porter la bannière bénie de ce mouvement, demandant à Dieu Tout-Puissant de lui aider à accomplir sa noble mission en dirigeant le Hezbollah et sa Résistance islamique.
Nous nous engageons devant Dieu Tout-Puissant et devant l’esprit de notre plus grand et plus précieux martyr, Son Éminence Sayyed Hassan Nasrallâh (que Dieu l’agrée), des martyrs, des combattants de la Résistance islamique et de notre peuple inébranlable, patient et loyal, à œuvrer ensemble pour réaliser les principes et les objectifs du Hezbollah, et maintenir la flamme de la Résistance vive et sa bannière levée jusqu’à la réalisation de la victoire ».
| Q. Ça vous inspire quelles réflexions ?
Jacques Borde. Une qui, pour moi, saute aux yeux. Le choix des mots par le Cheikh Na’ïm Qâssem. Un retour dialectique au 100% islamo (sic).
Inspirateur du concept de Résistance croyante. Remontant, si ma mémoire ne me fait pas défaut, aux débuts des années 2000. il a totalement disparu.
Époque à laquelle le Cheikh publiait son Hezbollah, la voie, l’expérience, l’avenir, paru pour l’édition française, en 2008. Et pour son édition originale en 2008: Hizbullah. Al-Manhaj, al-Tajriba, al-Mustaqbal, parue chez Dār al-Hādī, 2008; concept de Résistance croyante qui a totalement été évacué du présent communiqué.
| Q. Les raisons, selon vous ?
Jacques Borde. Ne cherchons pas midi à 14h00 non plus. Une seule selon moi.
Cheikh Na’ïm Qâssem, que j’ai rencontré en 2005, a cherché à s’attirer les faveurs et le soutien de Riyad et de S.A.R Mohamed MBS Ibn-Salmān Āl-Séʻūd, qui, bien que prince héritier du Royaume (KSA) et ministre de la Défense, s’avère, aussi et surtout être le futur Khādim al-Ḥaramayn aš-Šarīfayn/Gardien des deux saintes mosquées. Médine et La Mecque…
Subtilité sémantique qui a, parfaitement, fonctionné.
En effet, l’Arabie Séoudite a, aussitôt, condamné les frappes de la Heyl Ha’Havir 1 contre l’Iran, qui est, pourtant, son rival régional de toujours.
« Le Royaume d’Arabie Séoudite condamne les frappes israéliennes et réitère sa position ferme de rejet de l’escalade du conflit dans la région », qui « menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples » au Moyen-Orient, a en effet affirmé la diplomatie séoudienne, via X.
Riyad qui a, pourtant, en commun avec Jérusalem son tropisme pour les Accords d’Abraham.
Mais, comme on l’a fait dire à Henri IV :
« Paris vaut bien une messe ».
Notre cher Henri IV qui abjura solennellement le Protestantisme, le 25 juillet 1593 en la Basilique Saint-Denis ou il est baptisé par le Cardinal Jacques Davy du Perron.
| Q. Rien qui indique une pause dans les combats, au Front Nord, j’entends ?
Jacques Borde. Pas dans les propos des deux principaux acteurs de cette guerre, en tout cas. Là, encore et toujours l’immuable ordre alphabétique.
Soit Israël avant le Liban.
Primo. Le Rosh Ha’Memshala 2, Binyamin Bibi 3 Netanyahu,, pour qui :
« Les accords, les documents, les propositions, les numéros des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU] 1509, 1701 – tout cela a sa place, mais ce n’est pas l’essentiel (…). L’essentiel, c’est notre capacité et notre détermination à faire respecter la sécurité, à déjouer les attaques contre nous et à agir contre l’armement de nos ennemis autant que nécessaire malgré toutes les pressions et les contraintes – c’est le principal (…). Les mots effrontés des dirigeants du régime iranien ne peuvent masquer le fait qu’Israël dispose aujourd’hui d’une plus grande liberté d’action en Iran que jamais auparavant. Nous pouvons atteindre n’importe quel endroit de l’Iran en cas de besoin (…). Je n’ai pas écarté, nous n’avons pas écarté et nous n’écarterons pas nos yeux de cet objectif. Pour des raisons évidentes, je ne peux pas détailler nos plans pour atteindre cet objectif fondamental (…). Je ne fixe pas de date pour la fin de la guerre, mais j’établis des objectifs clairs pour la victoire dans la guerre (…). Il y a une voie, une direction, des objectifs clairs. Les objectifs sont clairs (…). Nous avons choisi de nous concentrer initialement sur le pilonnage militaire du HAMAS à Gaza, et de ne pas diviser nos forces entre deux efforts principaux en même temps (…). Après avoir détruit la force organisée du HAMAS, après que 90% des habitants soient rentrés chez eux sains et saufs dans le sud, nous avons concentré nos efforts sur le nord (…). J’apprécie vraiment, vraiment le soutien des États-Unis (…). Quand c’est possible, je dis oui. Quand il le faut, je dis non (…). Netanyahu a, ensuite, fustigé « ceux qui ont poussé à une solution diplomatique prématurée au Liban avant que nous ayons détruit le réseau de tunnels à notre frontière, avant que nous ayons éliminé [le chef du Hezbollah Hassan] Nasrallâh et son remplaçant, et le remplaçant de son remplaçant. Avant que nous ayons détruit une grande partie de l’arsenal de roquettes du Hezbollah ».
Secundo. Ce qui du côté du tout nouveau secrétaire général du Hezbollah, Cheikh Na’ïm Qâssem 4, donne ceci :
« Netanyahu veut ramener ses colons dans le nord, il verra que plus encore seront déplacés (…). L’alliance entre notre ennemi, les États-Unis et l’Occident vise à nous mettre sous pression, mais cette stratégie est vouée à l’échec. Un an après le Déluge d’Al-Aqsa, nous pouvons affirmer que cet événement exceptionnel marque le début d’une transformation profonde du Moyen-Orient, redéfinissant l’influence de la Résistance. Les actions de la Résistance palestinienne sont pleinement légitimes, car elles s’opposent à 75 ans d’occupation (…). Aujourd’hui, Israël ne combat pas, il massacre (…). Vous avez admis votre échec à protéger les civils pendant un an. Halevi, vous continuerez à échouer, et cela devrait servir de leçon à vous et à Netanyahu. Israël cherche à éliminer tous ceux qui s’opposent à lui et revendiquent leurs droits. Il veut soumettre les peuples et les nations de la région à sa volonté, mais cela n’arrivera pas (…). Contrairement aux mensonges de Netanyahu, il ne s’agit pas d’une question de présence iranienne dans la région, mais d’un mouvement de libération palestinien, soutenu par l’Iran et le Hezbollah pour récupérer leurs terres (…). Netanyahu peut dire qu’il veut la guerre, mais il ne peut pas atteindre ses objectifs. Nous lui ferons mal et étendrons la portée de nos missiles et drones. Des centaines de missiles, des dizaines de drones et de nombreuses localités et villes du nord sont à portée des missiles de la Résistance. Nos capacités sont en bon état, et ce que l’ennemi dit concernant l’atteinte à nos capacités est une illusion. Netanyahu dit qu’il veut ramener les colons, et nous disons que le double de ce nombre sera en fait expulsé ».
Pour le reste sans vouloir médire de feu le Sayyed Nasrallâh, vu les qualités intrinsèques de son successeur, Cheikh Na’ïm Qâssem, nombre de ceux qui, en notre WOccident 5, s’esbaudissent de cette Décapitation – y compris en Israël même, je viens encore de m’en entretenir avec de mes estimés confrères, il y a peu – font montre d’une d’une arrogance certaine.
Notes
1 Ou צְבָא הַהֲגָנָה לְיִשְׂרָאֵל; acronyme Tsahal, צה »ל, en anglais, Israel Defense Forces. Al-Jayš ad-Difā’i al-’Isrā’īli, en… arabe. Qui est aussi une langue d’usage au sein de TSAHAL.
2 Ou Premier ministre de l’État d’Israël, ראש הממשלה.
3 Surnom donné tant par ses partisans que ses ennemis. Selon plusieurs sources concordantes ne l’apprécierait que fort peu.
4 Auteur de Hezbollah, la voie, l’expérience, l’avenir, Albouraq, 2008.
5 Néologisme obtenu par contraction des mots WOKE & OCCIDENT.