« Le résultat de cette guerre sera la victoire de notre pays et de notre peuple sur l’ennemi, et nous serons sans aucun doute ceux qui tireront la dernière balle (…). L’extrême brutalité et la criminalité manifestées par l’occupation contre les civils servent comme la preuve la plus solide de l’absence de stratégie militaire claire de l’ennemi (…) Vous devez comprendre que déplacer les gens de leurs terres et de leurs foyers ne diminuera pas leur détermination ni ne changera en aucune façon leur position ».
Hizb as-Sūrī al-Qawmī al-Ijtimā`ī (PSNS)1 (24 septembre 2024).
« La permission a été donnée à ceux qui combattent parce qu’on leur a fait du tort, et en effet, Dieu est capable de leur accorder la victoire ».
Communiqué du Hezbollah (24 mars 2024, 17h05).
« En raison des nombreux rapports erronés concernant l’initiative de cessez-le-feu menée par les États-Unis, il est important de clarifier certains points (…). Israël partage les objectifs de l’initiative menée par les États-Unis, qui permettra aux personnes le long de notre frontière nord de rentrer chez elles en toute sécurité. Israël apprécie les efforts des États-Unis, car leur rôle est essentiel pour promouvoir la stabilité et la sécurité dans la région (…). Nos équipes se sont rencontrées pour discuter de l’initiative et de la manière dont nous pouvons faire progresser notre objectif commun. Nous poursuivrons ces discussions dans les jours à venir ».
Le Bureau du Rosh Ha’Memshala, Binyamin Bibi Netanyahu (27 septembre 2024).
« Certaines des forces efficaces et précieuses du Hezbollah ont été martyrisées, mais ce n’était pas le genre de dommages qui pourraient mettre le groupe à genoux (…). La force organisationnelle et les ressources humaines du Hezbollah sont très solides et ne seront pas gravement touchées par l’assassinat d’un commandant supérieur, même si c’est clairement une perte (…). La résistance palestinienne et libanaise aura la victoire finale (…). Les États-Unis savent et interfèrent (…). Car l’administration Biden « a besoin d’une victoire pour le régime sioniste avant l’élection présidentielle de novembre ».
Ayatollah Sayyed Ali Hossaini Khâmeneî (25 septembre 2025).
« L’État d’Israël doit utiliser tous les outils à sa disposition et cela inclut l’élimination de terroristes qui ont du sang sur les mains ».
Guy Chen, ancien opératif du Sherut Ha’Bitaron Ha’Klali (SHABAK) (27 septembre 2024)2.
Sinon, je tiens à rappeler que les titres de mes entretiens sont, volontairement, et tant que faire se peut, marqué d’une pointe de causticité. Ça plaît ? Tant mieux. Ça déplaît ? Désolé.
| Q. La mort de Nasrallâh : quid des suites ?
Jacques Borde. De Pandore et de sa boite, pourrait-on dire ! Mais, comme je vous l’ai dit à de nombreuses reprises, la palette des réactions possibles est longue comme le bras.
Du côté de Jérusalem, le Rosh Ha’Mateh Ha’Klali 4, le Rav Alouf 5 Herzl Herzi Halevi, , fervent partisan du modus operandi du Hit & Run, résumant la position de Tsva Haganah Ley’Israel (TSAHAL/IDF)6, en date du 28 septembre 2024, il disait exactement ceci :
« Nasrallâh était le principal décideur et l’unique approbateur des décisions stratégiques-systémiques, et parfois aussi des décisions tactiques de l’organisation. L’organisation terroriste Hezbollah et son chef Hassan Nasrallâh ont rejoint la guerre contre Israël le 8 octobre. Depuis, le Hezbollah a poursuivi ses attaques contre les citoyens israéliens, entraînant le Liban et toute la région dans une escalade. TSAHAL continuera à frapper tous ceux qui promeuvent et s’engagent dans le terrorisme contre les citoyens de l’État d’Israël ».
Propos, peu ou prou similaires, pour le Sar Har’Otzar/Ministre des Finances, Bezalel Yoel Smotrich 7, sur X (26 septembre 2024) :
« La campagne [militaire au] nord ne doit se terminer que d’une seule façon : l’écrasement du Hezbollah et l’élimination de sa capacité à nuire aux habitants du nord (…). Il ne faut pas laisser à l’ennemi le temps de se remettre des coups violents qu’il a reçus et de se réorganiser pour poursuivre la guerre après 21 jours ».
| Q. Mais, ça ne règle rien…
Jacques Borde. Oh, que non.
Évitons, au point où nous en sommes de parler pour ne rien dire.
Là, laissons la parole aux acteurs de ce drame qui frappe ce pan essentiel de l’Orient compliqué qu’est le Liban. Dès le 20 mars 2024, le Sayyed Hashem Safi al-Din, chef du Conseil exécutif du Hezbollah, avertissait que :
« La récente cyber-agression israélienne contre le Liban entraînera sa propre punition, et que cette punition aura lieu inévitablement (…).. nous sommes confrontés à un nouveau type de guerre et à une nouvelle confrontation avec l’ennemi , qu’il sache que nous sommes un peuple qui ne reculera pas (…). Les résistants ne se sont pas affaiblis et ne s’affaiblissent pas du tout, et l’ennemi est toujours incapable de réaliser cette vérité, et il ne sait pas à ce jour qui sont les résistants et la communauté de la résistance qui ont été élevés dans la culture du sacrifice et du don (…) .Si votre objectif est d’arrêter la bataille de soutien, sachez que cette bataille gagnera en force, en détermination et en progrès ».
Et, à en croire, l’Ayatollah Mohammad Hassan Akhtari, vice-ministre en charge des Affaires internationales au sein du Vezârat-é Omur-é Khârejé 8 :
« Nous pouvons envoyer des forces au Liban pour combattre Israël, tout comme nous l’avons fait en 1981 ».
Mais l’essentiel, sur ce sujet, nous vient du Rahbar-é Enqelâb 9 (guide de la révolution), l’Ayatollah Sayyed Ali Hossaini Khâmeneî, maître du temps, concept chî’îte, qu’avait bien défini Ali Shariati :
« Les massacres contre des personnes sans défense au Liban ont révélé à tous, d’une part, la nature brutale du chien sioniste enragé ;Cela démontre la myopie des dirigeants de l’entité sioniste usurpatrice et leur politique insensée.
Le gang terroriste qui dirige l’entité sioniste n’a pas tiré les leçons de sa guerre criminelle qui a duré un an à Gaza, et n’a pas été en mesure de comprendre que le génocide des femmes, des enfants et des civils ne peut pas affecter la structure solide du système de résistance, et n’aboutira pas à son effondrement.
Et maintenant, les Israéliens testent la même politique insensée face au Liban.
Faites savoir aux criminels sionistes qu’ils sont bien trop méprisables pour causer un préjudice significatif à la structure solide du Hezbollah au Liban.
Toutes les forces de résistance de la région se tiennent aux côtés du Hezbollah et le soutiennent, et les forces de résistance décideront du sort de cette région, dirigées par le noble Hezbollah.
Le peuple libanais n’a pas oublié que les soldats de l’entité usurpatrice piétinaient autrefois les régions libanaises avec leurs pieds, jusqu’à Beyrouth, et que c’est le Hezbollah qui leur a coupé les pieds et a rendu le Liban digne et fier.
Aujourd’hui encore, le Liban fera regretter à son agresseur, ennemi malveillant et misérable, avec la puissance et la force de Dieu.
Il est du devoir de tous les musulmans de se tenir aux côtés du peuple libanais et du noble Hezbollah avec toutes leurs capacités, et de les soutenir dans leur confrontation face à cette entité usurpatrice, injuste et malveillante ».
Et, ce ne sont pas les paroles du Sar Ha’Bitahon 10, Ysrael Katz , qui sont de nature à faire retomber la tension :
« L’élimination de l’archi-terroriste Nasrallâh est l’une des actions antiterroristes les plus justifiées qu’Israël ait jamais entreprises ». Nasrallâh « méritait d’être abattu, et c’est une bonne chose qu’il l’ait été ».
| Q. Le porte-parole de la Maison-Blanche pour la Sécurité nationale, John Kirby, affirmant que Washington n’a pas été informé à l’avance des frappes visant le Hezbollah à Beyrouth. Franchement, vous y croyez ?
Jacques Borde. Oui.
Quitte à vous surprendre, tout à fait.
« Je n’ai pas connaissance d’une quelconque pré-notification de ces frappes », a affirmé le Rear admiral John F. Kirby, National Security Council Coordinator (NSC) for Strategic Communications 11.
Sur ce point précis, je lui donne raison. Pourquoi ?
1-Ce dont nous parlons est une frappe d’opportunité, pas une partie de Backgammon. Tout se base sur la vitesse d’exécution.
2-À ce Wargame–là, on n’organise pas des tours de tables. Comme l’avait dit le Premier ministre, Yitzhak Shamir, répondant à Abba Éban, tout de même son… Sar Ha’Hutz/Ministre des Affaires étrangères, l’interrogeant sur l’Affaire Pollard (1985…) : « Ceux qui savent, savent. Ceux qui ne savent pas n’ont pas besoin de savoir ».
À en croire Stephen D. Bryen 12, pour qui :
« Il est difficile de comprendre comment l’Europe peut dépenser 295 MdUS par an pour sa Défense et ne pas être en mesure de déployer des forces de combat bien équipées. L’une des explications possibles est que les Européens n’ont pas l’intention de faire grand-chose de plus que de déployer des forces symboliques. C’est aux États-Unis qu’il incombe d’assurer la sécurité et la défense de l’Europe »13.
La double question – lancinante, mais bien réelle – restant :
Primo. Qui a les moyens humains de cette guerre, autant d’Attrition/D’usure que de position ?
Secundo. Face à quel type d’armes ?
Notes
1 Parti social national syrien, connu aussi sous le nom donné par la France de Parti populaire syrien, PPS, ou de Parti saadiste ou encore au Liban de Parti nationaliste.
2 À rappeler que l’intéressé disait la même chose, peu avant le 7 octobre 2024.
3 Ou Front Démocratique pour la Libération de la Palestine.
4 Ou Ra’Mat’Kal, chef d’état-major israélien.
5 Ou Lieutenant-général.
6 Ou צְבָא הַהֲגָנָה לְיִשְׂרָאֵל; acronyme Tsahal, צה »ל, en anglais, Israel Defense Forces. Al-Jayš ad-Difā’i al-’Isrā’īli, Tśāhal, en arabe. Qui est aussi une langue d’usage au sein de TSAHAL.
7 Depuis le 29 décembre 2021, l’inamovible primus inter pares du Miflaga Datit Leumit–Ha’Tzionut Ha’Datit/Parti national religieux-Sionisme religieux (MAFDAL).
8 Ou ministère iranien des Affaire étrangères.
9 Aussi appelé Rahbar-é Moazzam (guide suprême, pas une titulature officielle).
10 Depuis le 8 novembre 2024.
11 Précédemment Assistant to the Secretary of Defense for Public Affairs (ATSD-PA) & Spokesperson for the Department of Defense (DoD).
12 Deputy Under Secretary of Defense & Director of the Defense Technology Security Administration/Directeur du personnel du Sous-comité du Proche-Orient de la Commission des Relations étrangères du Sénat & Sous-secrétaire adjoint à la Défense chargé de la Politique.
13 Sur Asia Times Online (Atol), (22 septembre 2024).