Entre Psy-Ops & Carnages : Où va la Syrie ?

EN SYRIE COMPLIQUÉE (SIC) A QUI SERA  FATALE LA POLITIQUE DES POSSIBLES ?

« La Syrie est un bordel, mais elle n’est pas notre amie, et les Etats-Unis ne devraient pas avoir affaire avec cela. Ce n’est pas notre combat (…). Laissons [la situation] se développer. Ne nous en mêlons pas (…).Obama avait refusé d’honorer sa promesse de protéger la ligne rouge et les enfers se sont déchaînés, avec la Russie prenant le relais (…). La Russie, parce qu’elle est tellement empêtrée en Ukraine (…) semble incapable d’arrêter cette marche littérale à travers la Syrie, un pays qu’elle a protégé pendant des années (…). Mais maintenant (les Russes), comme peut-être Assad lui-même, sont en voie d’être expulsés, et ça pourrait bien être en réalité la meilleure chose qui puisse leur arriver (…). Il n’y a jamais vraiment eu d’intérêt en Syrie pour la Russie, autre que de ridiculiser Obama ».. .
Donald Teflon Trump.

« Ce qui s’est passé en Syrie est un autre élément d’une grande guerre géopolitique. Selon beaucoup, il s’agit de la troisième guerre mondiale déjà en cours.
Partons des seules certitudes : Assad est tombé et la Syrie en tant qu’État unitaire n’existera plus. Ce qu’il faut comprendre, c’est pourquoi tout s’est passé si vite.
Mais surtout, parmi les acteurs géopolitiques, qui a gagné et qui a perdu ?
– La Turquie a gagné. Erdogan s’est révélé être un grand acteur sur la scène internationale. Il a promis qu’il irait au Haut-Karabakh et il l’a fait, il a promis qu’il prierait à la mosquée de Damas et il le fera. Selon la plus ancienne tradition turque, Erdogan a montré qu’il ne respectait pas les pactes, mais il tente de construire par petits morceaux une « Grande Türkiye ».
– Israël a gagné. Israël a éliminé un gouvernement pro-iranien. Cela a porté un coup mortel aux ambitions de l’Iran en tant que puissance régionale. Et un autre morceau de Syrie sera mangé, après le plateau du Golan, toujours sous prétexte de créer une zone tampon.
– Les États-Unis ont gagné. Les États-Unis conserveront leur contrôle sur le pétrole syrien et, à travers les groupes qu’ils contrôlent, augmenteront leur influence dans la région. L’objectif des États-Unis était la chute d’Assad, et ils y sont parvenus. Un autre objectif était la réduction de l’influence russe et iranienne et ils l’ont atteint. Pour la politique hégémonique américaine, il s’agit sans aucun doute d’une grande victoire.
– L’Iran a perdu. Pour l’Iran, c’est une grande défaite, le rêve du défunt général Qassem Soleimani du couloir vers la mer Méditerranée s’est définitivement évanoui. Un coup dur porté à la politique iranienne visant à s’imposer comme la première puissance régionale, avec une fonction anti-israélienne et anti-américaine. Les images du saccage de l’ambassade iranienne sont le résumé de la tragédie ».
Ugo Gaudenzi Asinelli.

« Bonsoir. Moscou. Une Oligarchie entre alcoolisme & lâcheté. Allez savoir ?/Buonasera. Mosca. Un’oligarchia tra alcolismo e codardia. Chi lo sa ? ».
Jacques Borde.

| Q. Surpris par ce qui se passe en Syrie ?

Jacques Borde. Assez peu, en réalité.

En cette affaire syrienne, je pense que le Pr. Bachar el-Assad n’est pas le plus à blâmer et fait ce qui lui est possible de faire, avec les moyens humains et matériels dont il dispose.

| Q. Au point que les Russes pourraient y laisser plus que des plumes ? Y compris voir passer leur Base aérienne de Khmeimim & leur Base navale de Tartous sous le contrôle des rebelles takfiri ?…

Jacques Borde. Effectivement.

C’est, en tout cas, la thèse défendue par Avia.pro, qui, citant une source asses peu identifiable (je pense que c’est volontaire…) baptisé Ilya Tumanov Fighterbomber, lui prête ses mots :

« Il est quasiment impossible d’évacuer les bases. Dans le meilleur des cas, il est possible d’évacuer la plupart du personnel, de la documentation et des avions en service. Eh bien, certains équipements qui, pendant leur déplacement, peuvent être chargés dans des cargos secs et des navires de débarquement, mais bien sûr pas dans leur intégralité. Tous les autres biens resteront dans les bases (…). La résistance aux drones est également limitée par l’éloignement du continent, doté de missiles et de systèmes de défense aérienne. Et s’il s’agit du FPV… Par conséquent, la tâche principale de nos forces en Syrie est d’empêcher l’ennemi d’entrer à Lattaquié, même si nous devons temporairement abandonner le reste du territoire. Quoi et comment procéder est clair en théorie, mais nous verrons bientôt à quoi cela ressemblera dans la pratique ».

| Q. Ces voix, qui évoquaient la poursuite des combats, ainsi que la présence de Bachar, toujours en Syrie ?

Jacques Borde. Et pas à Moscou. Vous voulez dire ? Possible. Annoncer le départ anticipé de ses ennemis à toujours été un must de la propagande Woccidentale.

Sur ce point, faisons-nous une raison, Washington assume, glacialement, ses préférences :

« Nous avons de réelles inquiétudes concernant les objectifs [des rebelles]. Mais dans le même temps, nous ne verserons pas de larmes sur le fait que le régime d’Assad – soutenu par la Russie, l’Iran et le Hezbollah – subisse une telle pression ».

Jacob Jeremiah Sullivan, 28th Assistant to the President for National security affairs (APNSA, en fonction depuis le 20 janvier 2021).

Avec, l’approbation, sans trop de surprise, de Itamar Ben-Gvir, pour qui :

« Nous sommes actuellement sur la bonne voie à Gaza (…) Les idées telles que la colonisation de la bande de Gaza sont les bienvenues. Conquérir Gaza est certainement une idée. Mais je dois admettre que cela ne me suffit pas. Je veux aussi encourager la migration. Je pense que nous devrions permettre aux Palestiniens de quitter volontairement leur pays ».

Du côté, de TSAHAL, on campe sur ses positions :

« La pression sur l’organisation monstrueuse qu’est le HAMAS s’intensifie – il y a une chance que cette fois-ci, nous puissions véritablement faire avancer un accord sur les otages (…). Cette branche est capable d’atteindre Gaza, Beyrouth, le Yémen et Téhéran, et c’est grâce à ces capacités que nous pouvons prendre les décisions appropriées (…). Nous agirons pour atteindre l’objectif principal – priver l’Iran de sa capacité nucléaire. C’est une condition nécessaire pour empêcher toute capacité de destruction contre l’État d’Israël (…). Nous sommes en période de test, avec une tolérance zéro pour les violations (…). Grâce à l’intense activité militaire, à la dissuasion de l’Iran et aux développements au Liban, la pression sur le HAMAS s’intensifie (…). A l’avenir, « le HAMAS ne pourra pas contrôler Gaza, c’est absolument clair, en raison de ce qui s’est passé et de ce qui pourrait se produire (…). Nous ne cesserons pas la guerre tant que tous les otages ne seront pas rentrés et que nous n’aurons pas atteint nos objectifs ».

Verbatim le Sar’Ha’Bitaron, Ysrael Katz. Accompagné du patron de l’Heyl’Ha’Avir (HHA, armée de l’air) le Rav Aluf (général) Tomer Bar, et d’autres hauts responsables militaires, Katz a visité le 133e Escadron sur Tel Nof AFB 2.

Conséquence – assez prévisible, en réalité, pour qui a quelque expérience de cet Orient Compliqué – Amman se range résolument aux côtés de Damas.

Là, rappelons aussi, les assurances répétées de soutien militaire des Tchétchènes, bâtisseurs d’Amman, pour qui celle ville est une ligne rouge, pour quiconque tenterait de la franchir…

Téhéran a, visiblement, quelques difficultés à trancher entre les options qui lui restent.

Ainsi, pour le Pr. Ali Akbar Velayat 1 conseiller du Rabar pour les Affaires internationales & membre du Majma’-é Tašxis-é Maslahat-é Nezâm/Conseil de discernement des intérêts du régime (3 décembre 2024) :

« Ce qui se passe en Syrie est un un stratagème évident visant à falsifier la vérité au profit du mensonge (…). Les États-Unis, l’entité sioniste et tous les pays de la région, arabes et non arabes, doivent savoir que l’Iran soutiendra l’État syrien jusqu’au bout (…). Le président élu Donald Trump devrait également savoir que les conditions mondiales sont devenues plus difficiles que sous sa présidence précédente et que les pays indépendants ne se soumettront pas à ses menaces et à ses intimidations (…). La Résistance a apporté aux Palestiniens un soutien exceptionnel sans précédent dans l’histoire de l’unité islamique (…). La guerre inégale au Liban s’est terminée par la victoire de la résistance », espérant que « Gaza sera libérée avec l’aide des pays de l’axe de la Résistance (…). La RI d’Iran « ne pensait pas que la Turquie tomberait dans le piège que les États-Unis et l’entité sioniste ont creusé pour elle (…). Nous espérions que le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, résoudrait les problèmes de la Turquie au niveau de la politique étrangère ».

| Q. Le pire semble l’option la plus probable ?

Jacques Borde. Ça y ressemble, hélas, comme deux gouttes d’eau.

A ce stade – citons, ou re-citons, peu importe – des réactions pas assez commentées, selon moi :

Primo. Pierre Lellouche, sur i24 (27 novembre 2024) :

« Ce qui frappe, ce sont les contrastes entre les succès tactiques sur le terrain et l’absence de stratégie. Après la punition de ceux qui ont attaqué Israël, quel est le plan ? C’est ça qu’attend de savoir la communauté internationale. Sans réponse, je crains fort que sans réponse, cette guerre n’aboutisse à un isolement international total d’Israël qui sera catastrophique pour la survie de l’État juif et qui par ailleurs pose des problèmes massifs pour les communautés juives à travers le monde ».

Secundo. Le Pr. Bruno Gollnisch sur X (8 décembre 2024) :

« La conquête de la Syrie par les islamistes est un évènement dramatique, et pas seulement pour les Chrétiens et autres minorités.
L’Occident, et notamment la France, en est responsable , du fait des sanctions économiques qui ont empêché la reconstruction de ce malheureux pays. Après des années d’une terrible guerre, il a été ainsi maintenu de façon absurde et néfaste dans la misère, ouvrant la voie aux islamistes, de leur côté puissamment armés et soutenus.
Politique insensée qui pourrait bien, à partir de cette base arrière, se retourner contre nous … ».

Tertio. Le Dr. Carmit Valensi, Senior researcher au National Security Studies/Institut d’études de sécurité nationale (INSS), Où elle dirige le Northern Arena Program :

« La chute du régime pourrait créer le chaos, et l’on ne sait pas très bien qui gouvernerait dans ce pays (…). Il n’y aura pas d’interlocuteur qui plaise à Israël, avec lequel on puisse discuter par la force militaire ou par d’autres méthodes ».

Notes

1 Que j’ai rencontré à plusieurs reprises.

2 La principal base de la HHA.

 

 

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